Les 12 fusillés
Si tous les rapports officiels taisent l’attitude des condamnés, plusieurs témoins de l’exécution, parmi lesquels les membres du personnel de surveillance et le pasteur Féral, aumônier d’Eysses depuis 1906, qui consigne dans un carnet, quelques heures après l’exécution, le détail de ces heures dramatiques, sont touchés par leur mort courageuse. Citons C. Robert, désigné avec onze autres surveillants pour les accompagner : « Après la sentence, les condamnés ont entonné la Marseillaise, tout le monde était au garde à vous et les G.M. ont présenté les armes. Auzias a pris la parole déclarant notamment : « Nous allons mourir en braves pour vous tous, pour sauver la liberté et surtout pour la libération de la France ». A nouveau ils ont chanté des chants patriotiques puis ont demandé d’écrire (enchaînés). Le lieutenant leur a donné cinq minutes montre en mains pour terminer. Auzias a demandé à parler à Schivo et lui a reproché de ne pas avoir tenu parole. Chauvet a fait remarquer aux G.M. et G.M.R. le crime qu’ils allaient commettre en tirant sur des Français. Ils ont refusé qu’on leur bande les yeux disant qu’ils savaient mourir en Français et voulant voir leurs assassins ». Tous les témoins soulignent le courage de ces hommes qui parviennent à transformer ce moment ultime de leur vie en une manifestation de Résistance patriotique, en affirmant qu’ils meurent pour la France. La condamnation d’Auzias constitue déjà une projection dans l’avenir, celle de la France libérée où les serviteurs de Vichy auront à rendre des comptes.
Henri AUZIAS
Né le 9 avril 1912 à Villevieille (Basses Alpes), de Firmin et Marie PLINE, manipulant des PTT demeurant à Marseille, français d’origine, marié deux enfants, condamné le 19 mars 1941 par le tribunal militaire de la 15ème région siégeant à Marseille, à 4 ans 3 mois de prison, pour infraction au décret loi du 26 septembre 1939, délégué (communiste) des détenus résistants auprès de la direction de la prison.
MORT POUR LA FRANCE
Fernand BERNARD
Né le 10 juin 1906 à Perpignan, de Louis et Léonie COLOMINES, moniteur d’éducation physique, marié sans enfant, domicilié à Toulouse, français d’origine non juif, condamné par le tribunal militaire de la 17ème région le 31 août 1942, à 20 ans de travaux forcés pour atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat. Légèrement blessé pendant les combats du 19 février.
MORT POUR LA FRANCE
Roger BRUN
Né le 31 août 1922 à Peschadoires (Puy de Dôme), de Jules et Anna HUGET, mécanicien, célibataire, français d’origine non juif, demeurant à Peschadoires, condamné le 11 septembre 1943 par la section spéciale de Riom, à 5 ans de réclusion pour détention d’armes de guerre.
MORT POUR LA FRANCE
Jean CHAUVET
Né le 11 septembre 1921 à Nîmes (Gard), de Albert et Virginie RIVAREL, ajusteur à la SNCF, demeurant à Nîmes, célibataire, français d’origine non juif, condamné le 4 octobre 1941 par le tribunal militaire de la 15ème division, à 5 ans de prison, et 5 ans d’interdiction de séjour, pour propagande communiste.
MORT POUR LA FRANCE
Louis GUIRAL
Né le 8 février 1908 à Mondragon (Tarn), de Henri et Marie CHABERT, chauffeur automobile, demeurant à Labastide Murat (Lot), veuf, sans enfant, français d’origine, condamné le 8 octobre 1943 par la section spéciale de Limoges à cinq ans de réclusion pour infraction à la loi du 5 juin 1943 (activité terroriste) et à celle du 16 février 1943 (réfractaire au STO).
MORT POUR LA FRANCE
Alexandre MARQUI
Né le 8 juin 1914, à LOURDES de Camille et Madeleine FORCADE, chaudronnier, célibataire, demeurant à Lourdes, français d’origine non juif, 10 ans de travaux forcés par le tribunal spécial de Pau, le 24 juillet 1943 pour détention, transport d’armes explosifs et munitions. Légèrement blessé au cours des combats du 19 février.
MORT POUR LA FRANCE
Gabriel PELOUZE
Né le 8 janvier 1910 à Carcassonne (Aude), de Jules et Eugénie RIVIERE, employé des PTT, demeurant à Narbonne, marié, deux enfants, français d’origine, condamné le 11 novembre 1941 à 20 ans de travaux forcés par la section spéciale de Montpellier pour activité communiste.
MORT POUR LA FRANCE
Félicien SARVISSE
Né le 9 juin 1922 à Ouveillan (Aude), de Fernand et Joséphine PARIS, cultivateur, français d’origine, demeurant à Toulouse, célibataire, condamné le 2 décembre 1943à 10 ans de travaux forcés par le tribunal spécial de Montpellier, pour vols qualifiés, infraction au STO, détention, non déclaration et port d’armes, activité communiste, fausse carte d’identité.
Légèrement blessé au cours des combats du 19 février.
MORT POUR LA FRANCE
Jaime SERO BERNAT
Né le 10 janvier 1920 à L'Albages en Catalogne (Espagne), de Roy et de Romana (Josepha et Ramon) BERNAT, républicain espagnol réfusgié en France, vivant à Paris avec sa compagne Gisèle Leroy, père d'une petite Jacqueline, manœuvre, torturé puis condamné à 2 ans de prison et 1000 francs d’amende par le tribunal spécial de Paris pour détention et distribution de tracts.
Grièvement blessé à la main au cours des combats du 19 février.
MORT POUR LA FRANCE
Domenec SERVETO BERTRAN
Né le 4 août 1904, à Terassa en Catalogne (Espagne), de Antoine et Dolorès BERTRAN, républicain espagnol réfugié en France, marié, père d'un fils, chef comptable au camp de Septfonds, condamné le 6 février 1942 à 6 ans de travaux forcés par le tribunal spécial militaire de Toulouse siégeant à Montauban, pour détention et distribution de tracts d’origine étrangère et activité communiste.
MORT POUR LA FRANCE
Joseph STERN
Né le 19 avril 1916 à Chisinau (Bessarabie), de Georges et de Madeleine Waysberg, naturalisé français, ingénieur aéronautique, pilote de l'aviation civile et pilote de chasse, célibataire, condamné le 21 octobre 1941 par le tribunal militaire de Toulouse à 10 ans de travaux forcés, pour atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat. Adjoint du commandant Bernard pendant les combats du 19 février, il est blessé au genou.
MORT POUR LA FRANCE