La cours martiale, un déni de justice
Eysses, devient le siège d’une cour martiale désignée par le Secrétaire général au Maintien de l’Ordre, le milicien Joseph Darnand, et se transforme en prétoire sanglant destiné à juger les responsables de la « mutinerie ».
S’il y eut au total environ 200 exécutions suite à des condamnations prononcées par des cours martiales entre janvier et août 1944, Eysses constitue un cas doublement particulier. D’une part les victimes présentent l’originalité d’être déjà des condamnés et aucune d’entre elles - ni même d’ailleurs parmi les prisonniers de la centrale - n’est inculpée en vertu de la loi du 20 janvier 1944 instaurant les cours martiales. D’autre part, Joseph Darnand se déplace en personne, décision qu’il explique lors de son procès : « persuadé que ma visite avait été un encouragement aux forces de police et que mes instructions allaient être suivies à la lettre […] c’est moi qui ai décidé que la cour martiale siègerait, étant donné que les rebelles n’avaient pas remis toutes leurs armes ».
Si le rapport d’enquête indique qu’une caisse contenant cinq mitraillettes est retrouvée dans la cour de l’infirmerie, rien ne confirme la seconde affirmation. Darnand repart pour Vichy le lundi 21 février dans la matinée, après avoir exigé « cinquante têtes », les membres de la Cour martiale étant ensuite nommés en conseil des ministres. Il laisse sur place le directeur adjoint de l’administration pénitentiaire le milicien Maret, l’Intendant de police de Vichy Mino qui dirigent alors les opérations. Cette justice expéditive au service d’une dictature répressive, livre ses victimes : douze condamnés à mort sur les quatorze amenés à comparaître. Ils sont immédiatement exécutés « pour avoir été reconnus comme ayant les armes à la main au cours de l’émeute ».