Un bagne d'enfants

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En 1895, la prison centrale d’Eysses est transformée en maison d’Éducation surveillée. C’est le 2 juin 1895 que furent affectés à une « colonie correctionnelle » les locaux de l’ancienne maison centrale. Elle reste un établissement pour mineurs de 1895 à 1940. Au XIXeme  siècle, l’enfance délinquante accapare les efforts ; il faut les arracher à la ville corruptrice et les régénérer par l’air pur des champs, l’environnement rural d’Eysses offre un cadre favorable. Les colonies correctionnelles  se multiplièrent dans la seconde moitié du XIXeme siècle. Le décret du 31 décembre 1927, par volonté de gommer le plus possible le caractère pénal de cet établissement, transforma le nom en celui de maison d'éducation surveillée.

 

Mais ce nouveau vocabulaire a du mal à passer, on continue à appeler Eysses, qui reçoit toujours les incorrigibles, colonie correctionnelle. Eysses a été divisée en deux sections : une section pénitentiaire pour les mineurs de seize ans condamnés à des peines supérieures à deux ans, et une section correctionnelle où sont matés les « insubordonnés et les vicieux », les mineurs de moins de vingt et un ans en « correction paternelle », cependant que sont isolés des autres les syphilitiques. La discipline s’y fait plus dure et les révoltes se multiplient dans ce qui devient réellement des« bagnes d’enfants »

 

Le scandale d’Eysses est dénoncé d’abord dans une campagne de presse locale, leTravailleur du sud-ouest du samedi 27 février 1937 publie la conférence du Secours-Populaire de France qui dénonce : « le cas de certains jeunes, que les circonstances ont amenés dans les maisons de correction et qui subissent des tortures encore moyenâgeuses », puis il est orchestrée par Alexis Danan dans Paris-soir à la suite de “l’affaire d’Eysses” d’avril 1937.  

 

Il reste de cette période durant laquelle Eysses est une maison d’éducation surveillée, une solide réputation de « bagne » d’enfant.